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Le Jardin des tarots de Niki de Saint Phalle
dimanche 20 juin 2021
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J’avais eu l’occasion de visiter le jardin des tarots il y a quelques années. Ma connaissance alors de l’oeuvre et de la vie de Niki de Saint Phalle était des plus réduites : je la connaissais surtout comme ayant été la compagne de Jean Tinguely, et son oeuvre se limitait aux Nanas, et aux quelques toiles présentées au Musée d’art moderne et contemporain de Nice.

Quel n’avait donc pas été pour moi le choc de découvrir le Jardin des Tarots, ses sculptures monumentales, ses messages ésotériques, son foisonnement visuel. J’éprouvais le sentiment rare de pénétrer à l’intérieur d’une oeuvre, et ce non pas comme d’un bâtiment ou d’un monument, mais de pouvoir circuler dans une sculpture, dans un tableau en trois dimensions, en y ajoutant une quatrième : le temps passé lors de la visite.

Subjugué par tant de folie maitrisée, d’ambitions plastiques, de rêves devenus réalité, je me livrai alors au jeu pratiqué par la quasi-totalité des visiteurs de ce lieu mémorable : je sortais mon appareil photo, et prenais des dizaines de clichés : depuis les vues d’ensemble jusqu’aux plus petits détails. En fait, je visitais le site via l’écran de mon appareil photo.

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Et malgré tout, le souvenir de cette visite est resté tellement profondément gravé dans ma mémoire que jamais je n’ai entrepris le tri ou le classement de ces dizaines d’images, restées dans un dossier sur mon ordinateur sans que jamais je n’éprouve le besoin de l’ouvrir.

Et l’hiver dernier ce fut le choc : je visitai l’expo Niki de Saint Phalle au Grand Palais… Loin du cliché de la petite fille sur laquelle toutes les fées s’étaient penchées (belle, riche, et bien entendu malheureuse…) je découvris une personnalité riche et torturée, pleine de contradictions et d’amour, pour laquelle la création plastique fut l’élément salvateur. Je découvris une oeuvre, qui donnait son sens à toute une vie, et qui permettait de situer le jardin des tarots dans ce parcours et cette vie de femme, en lui donnant toute sa cohérence.

On devinera sans peine quelle fut ma joie d’apprendre que la visite du jardin des tarots était au programme du stage à San Quirico au mois de mai. J’allais pouvoir re-découvrir cet ensemble extraordinaire, fort à la fois de mes nouvelles connaissances sur la personnalité et la démarche de Niki de Saint Phalle.

Ce fut un moment rare et précieux, de ceux qui semblent figés pour l’éternité dans la mémoire et le coeur. J’oubliais la foule, les classes qui visitaient le site, et je décidais également d’oublier mon appareil photo au fond de mon sac. Je fis ce qu’en définitive peu de gens font : je visitais le jardin des tarots pour le bonheur et la satisfaction intellectuelle qu’il me proposait dans l’instant, au lieu d’emmagasiner des souvenirs inutiles et superflus, pour un hypothétique retour imaginaire une fois rentré à la maison.

Ainsi, mêlant le plaisir enfantin de la découverte aux lumières apportées par ma culture personnelle, je me laissais dériver entre les sculptures, allant, venant, revenant, m’approchant, m’éloignant….


Patrick Picollier
Formateurs Arts Visuels
Projet Erasmus+ « Former des formateurs à l’histoire européenne des arts »

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