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C’était un de ces jours où, pour ainsi dire, le printemps avait éclaté ; un jour dans lequel on a le désir de sortir et de se promener dans la campagne en fleurs. Ici, selon les différents parcours, on peut trouver des longues files de cuculi, avec lesquels on vient de peindre en bleu les œufs de Pâques, selon l’artistique coutume des grand-mères.
On vient de les peindre ou on va les peindre si l’on ne l’a pas encore fait, cela dépend de quand Pâques arrive ! Il s’agit d’une fleur aux petites cloches qui ressemblent à de minuscules montgolfières bleues.
Beaucoup d’histoires sont suscitées par son nom : en effet, elle s’appelle cucùlo, comme l’oiseau, justement parce qu’elle naît à chaque fois que le cucùlo fait coucou ! Pendant ces jours, si on prend le sentier qui conduit au loin, on découvre, au tournant de quelque rue, une haie de romarin fleuri, longue et très fourrée. Sa couleur d’un bleu marine semble exécutée à l’aquarelle par quelque peintre. Cette rosée bleue, si on l’observe de très près, dégage une odeur pénétrante, qui nous évoque un bleu ancien, peu habituel, comme celui de la mer de Giovanni Pascoli : Quel turchino.
Il suffit de regarder attentivement au long de la rue ou dans les champs pour apercevoir les tissus poilus de la bourrache. Quand on lève le regard on voit la montagne lointaine presque bleue, qui se découpe à grand-peine dans le ciel, comme si la couleur de la voûte céleste avait plu sur elle. Au cours de l’un de ces jours, si on allume la radio, on ne peut qu’écouter Gershwin et son inoubliable Rapsodia. En revanche, si l’on ouvre un livre de mythologie antique, on rencontrera certainement Hyacinthe qui se transforma en Jacinthe. Sa couleur ? Celle que lui a donnée Tiepolo, bien évidemment.
Je me souviens des chevaux de Paolo Uccello, ceux de la bataille de San Romano, en particulier les deux qui se sont affaissés : ils ont la même couleur que celle du manteau des Madonne Annunciate. Comment, en effet, ne pas penser à la Madonna del Parto de Piero della Francesca ?
Mais maintenant le ciel de notre journée idéale – quelle couleur pourrait avoir, finalement, la couleur des idées, si elles en avaient une ? – devient un peu plus foncé. Il faut rentrer.
Raffaele Giannetti, Centro per lo studio del Paesaggio e del Giardino, San Quirico d’Orcia, Italie